Murano : Artiste verrier de Château d'Oex

L'île de Murano a jalousement conservé durant des siècles le secret de la fabrication du verre. Aujourd'hui, un seul étranger maîtrise l'art des souffleurs de verre, et il vient de Château-d'Oex. Au nord de Venise, l'île de Murano, la plus grande de la lagune, a donné son nom à l'une des plus anciennes traditions vénitiennes, la verrerie.

En 1291, après plusieurs incendies, la Sérénissime oblige le transfert à Murano de toutes les fabriques de verres qui existent à Venise depuis le 8ème siècle.

A l'époque, "on évite les incendies, on évite que les ouvriers aillent vendre les secrets dans les autres cours, comme Versailles ou ailleurs", explique Aristide Najean.

Un résident suisse à Murano
Huit siècles pus tard, Aristide est le seul artiste étranger de l'île. Depuis trente ans, il partage sa vie entre Château-d'Oex et Murano, où il a racheté une fabrique de verre.

Une équipe du 19h30 de la RTS a rendu visite à l'artiste verrier. Ce jour-là, le verrier travaillait sur un lustre en forme d'arbre destiné à un chalet en Suisse.

"C'est du blanc recouvert d'or 24 carats. Plus il y a de volume, plus la matière réagit, c'est très sculptural," lance Aristide Najean.

Plus que 250 artistes verriers
A la base, le verre de Murano est un mélange de silice qui contient du quartz, de la soude et du calcaire. Le tout est chauffé à 1400 degrés dans un four pendant des heures, avant d'être sculpté. "Pour que le verre soit malléable, il faut toujours le maintenir à 1100 degrés", explique l'artiste verrier.

Aristide Najean a appris le métier avec un maître verrier vénitien pour se faire accepter sur l'île. Avant, les artisans vénitiens qui divulguaient les secrets du verre étaient condamnés à mort. Mais aujourd'hui, il ne reste que 250 ouvriers verriers.

"C'est le malheur de Murano, il n'y a plus de jeunes, il n'y a plus personne qui veut travailler dans les fabriques", regrette Cristiano Rossetto, le maître verrier d'Aristide.

Lumières de verre
Une tradition millénaire est en péril, car Venise est le berceau du verre artistique et du secret des pigments pour colorer la lumière, des pigments que l'artiste verrier maîtrise désormais parfaitement.

"Dans quelques jours, ce lustre partira en Suisse. Un peu de Venise à la montagne, car quand le soir tombe sur le Grand Canal, il suffit de lever les yeux pour admirer ces lumières de verre qui illuminent les plafonds des palais vénitiens, comme au temps de la Sérénissime," conclut Aristide Najean.

► Source : RTS (30.12.2022)