Ombres et truites menacées de disparition

Aller en bas

Ombres et truites menacées de disparition Empty Ombres et truites menacées de disparition

Message  Gentiane Dim 7 Aoû - 10:48

Réchauffement des rivières : Ombres et truites sont menacés de disparition
Les salmonidés souffrent depuis des années dans les cours d’eau de plaine. La sécheresse constitue une catastrophe supplémentaire.

«Cela fait cinquante ans que je fais de la pêche, je n’ai pas souvenir d’un été aussi chaud, avec des affluents aussi secs.» Président de la Fédération fribourgeoise des sociétés de pêche, Bernard Jaquet fait le même constat que ses collègues à travers la Suisse. En plaine, le niveau de certains cours d’eau est dangereusement bas, et leur température bien trop haute. Comme les ombres, les truites y sont en danger de disparition.

Roger Zbinden juge la situation tout aussi grave. Le mois dernier, le président de la Société vaudoise des pêcheurs en rivières a participé, avec d’autres passionnés ainsi que les services cantonaux, à des opérations de sauvetage de salmonidés lors de pêches électriques.

Une méthode de dernier recours mais qui se heurte elle-même au fait que les rivières dans lesquelles les poissons sont déplacés sont à leur tour trop chaudes ou peu alimentées. Quant aux pêcheurs, ils migrent vers les rivières dites alpines, plus froides car alimentées par des glaciers notamment.

«Il faudra trois ou quatre ans pour retrouver les poissons dans les rivières touchées», estime Rober Zbinden. Une truite de 40 cm qui meurt est un vrai désastre pour la reproduction et les générations suivantes.

27 degrés au lieu de 15

Les difficultés que rencontrent les salmonidés ne datent pas de cette année. À cause du réchauffement climatique, elles devraient même empirer, explique Daniel Hefti, collaborateur scientifique à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). «L’existence à long terme des salmonidés dans les rivières de plaine pose question», détaille le spécialiste.

Les ombres et les truites sont en effet très fragiles. Ils s’épanouissent dans des eaux à 15 degrés, alors que les températures des rivières ont parfois dépassé les 25 degrés sur plusieurs jours pour l’Aar ou le Haut-Rhin, voire 27 degrés pour des cours d’eau plus proches comme la Broye. C’est donc l’asphyxie qui attend les poissons les plus sensibles.

Dans le «Tages-Anzeiger», l’administrateur de la Fédération suisse de pêche tire, lui aussi, la sonnette d’alarme. En se rappelant des canicules de 2003 et 2018, Daniel Bittner affirme que l’hécatombe consécutive aux chaleurs de cet été, notamment dans l’Aar, sera des plus visibles au mois de septembre.

Les autorités cantonales et communales sont mal prises, car, en cette période, l’agriculture est elle-même très demandeuse en eau. «Il faut limiter les prélèvements pour l’irrigation», conseille Daniel Hefti.

Quant à l’Aar, elle n’est pas près de se refroidir. La centrale nucléaire de Beznau, qui utilise le fleuve pour refroidir ses réacteurs, a obtenu la semaine dernière une dérogation pour tourner à 50% et continuer d’avoir recours à ce système naturel. Au détriment des poissons, donc.

La revitalisation, une solution d’avenir

Outre la problématique globale de la lutte contre le réchauffement climatique, il existe des moyens pour rendre plus clémentes les températures des cours d’eau. Considérée récemment, la revitalisation des bords des cours d’eau semble être une solution d’avenir.

Il s’agit notamment d’apporter un peu d’ombre à cette eau trop chaude. Un projet de revitalisation a ainsi vu le jour du côté de Villeneuve (FR). Sur plus de 3 km, le Canton de Fribourg a redonné un tracé plus naturel à la Broye et ses affluents autour de Surpierre (FR).

Mais pour la présidente de l’Association Broye source de vie, Audrey Friedli, «de nombreux efforts restent à faire. Il faut convaincre que le fait de replanter de la végétation, notamment des arbres, au bord de rivières peut être sans risque, par exemple en cas de crues si des mesures d’élargissement des berges sont mises en place.»

Diversifier les habitats

Des fosses creusées dans le fond des cours d’eau et alimentées par de l’eau fraîche peuvent également servir de refuge aux poissons. «Toute mesure visant à redonner à la rivière sa forme initiale est positive», renchérit Daniel Hefti, qui prône la diversification des habitats propices à l’installation d’une faune plus variée.

«Dans des cas extrêmes, il est également possible de créer des ombrages artificiels», explique-t-il. Ces initiatives, qui prennent progressivement place, peuvent être en partie soutenues par la Confédération et les cantons.

Et malgré la bonne volonté de certains, il est préférable de renoncer aux initiatives personnelles, explique Bernard Jaquet. «Il faut à tout prix éviter de créer des bassins artificiels à l’aide de petits barrages dans les rivières.» Car si l’eau accumulée pour la baignade semble aider les poissons, elle a tendance à se réchauffer, et ainsi créer l’effet contraire.

Source : Tribune de Genève (05.08.2022) - Auteur de l'article : Joël Espi
Gentiane
Gentiane
Admin


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum