GILLIARD Pierre : Professeur-Précepteur (Russie)

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Message  Gentiane Jeu 13 Aoû - 15:33

Maturité à Genève (1898). Pierre Gilliard devint en 1904 maître de français dans la famille du duc Sergueï de Leuchtenberg, séjourna en Crimée jusqu'en 1905, puis jusqu'en 1909 à Peterhof et fut simultanément, à partir de 1905, le maître de français des grandes-duchesses, puis dès 1912, du tsarévitch Alexis. Il partagea la vie des proches du tsar jusqu'à leur exécution en 1918 à Iekaterinbourg. Il demeura ensuite en Sibérie jusqu'en 1920. Licence ès lettres à Lausanne (1925). A partir de 1926, il enseigna le français à l'école de français moderne de la faculté des lettres de l'université de Lausanne, dont il assuma ensuite la direction jusqu'en 1949. Professeur extraordinaire (1937), puis ordinaire (1947-1949) de langue et littérature françaises, professeur honoraire (1950). Chevalier de la Légion d'honneur, lauréat du prix Marcel Guérin pour son livre sur Nicolas II. Dans l'affaire Anastasia, Pierre Gilliard prit position contre la thèse affirmant que la grande-duchesse avait survécu.

Source : Dictionnaire Historique de la Suisse


Dernière édition par Gentiane le Ven 19 Mar - 16:51, édité 6 fois
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Message  Gentiane Jeu 13 Aoû - 15:36

Le Vaudois Pierre Gilliard a accompagné la famille impériale jusqu'à son Extermination

Des précepteurs, la Suisse en a fourni plusieurs à l’aristocratie comme à la famille impériale russe. L’un des plus connus est Frédéric-César de La Harpe, un Rollois auquel l’impératrice Catherine confia l’éducation de ses petits-fils Alexandre (futur tsar Alexandre Ier) et Constantin.

Plus près de nous, Pierre Gilliard, né en 1879 à Fiez, près de Grandson, émeut par son dévouement à la famille impériale russe. Après le renversement de la monarchie, il tint à rester avec ses élèves et leurs parents en captivité à Tsarskoïe Selo, puis en Sibérie. Séparé d’eux contre son gré, en mai 1918, il ne partagea pas leurs derniers jours, mais enquêta avec soin sur les circonstances de leur exécution, survenue le 16 juillet à Ekaterinbourg. Lui-même mourut octogénaire en 1962 à Lausanne.

Gilliard observait. Gilliard écrira. On a de lui Treize années à la Cour de Russie: Le tragique destin de Nicolas II et de sa famille, un livre publié en 1921 à Paris. Ses photos prises dans l’intimité des Romanov deviendront elles aussi des documents historiques de grande valeur.

Il avait débuté en 1904 dans la maison des Leuchtenberg en Crimée. Cette famille princière proche des Romanov permit au jeune Vaudois de rencontrer les souverains russes en 1905 à Peterhof, qui lui demandèrent de venir enseigner le français à leurs deux filles aînées, Olga et Tatiana. Dès 1909, cet enseignement s’étendit aux deux autres grandes-duchesses, Maria et Anastasia.

Pierre Gilliard allait donc rester treize ans au service de cette famille unie et attachante, en dépit des erreurs politiques du père et des égarements de la mère, dont ce républicain vaudois était conscient. La tsarine avait une totale confiance en cet homme apprécié par son fils Alexis, le tsarévitch à la santé fragile. Gilliard était devenu en 1912 le professeur du petit prince hémophile. Il obtint pour son élève un peu plus de liberté, afin d’empêcher que ce prince surprotégé ne végétât lamentablement.

Malheureusement, se comporter comme n’importe quel enfant de 8 ans présentait des risques terribles pour un garçon dont le sang ne coagulait pas. Des chutes sans gravité pouvaient menacer la vie d’Alexis. Pendant l’été 1912, une crise particulièrement grave prit fin comme par miracle. Elle coïncidait avec l’arrivée d’un télégramme de Raspoutine, un personnage dont Gilliard déplorait l’influence grandissante sur la tsarine. Il l’avait croisé naguère chez les Leuchtenberg et le tenait pour un roué profiteur.

Une première occasion de quitter les Romanov se présenta à Pierre Gilliard en été 1914, lors de la déclaration de la guerre. Allait-il rentrer au pays pour y participer à la mobilisation générale? L’impératrice ne le voulait pas. L’empereur fit le nécessaire pour que le gouvernement suisse autorisât l’expatrié à rester en Russie. Le fidèle précepteur suivit donc le tsar et son fils en campagne, les photographiant à plusieurs reprises sur le front russe.

Un jour de mars 1917 à Tsarskoïe Selo, la tsarine informa Gilliard que quiconque n’aurait pas quitté le palais Alexandre après 16 heures se trouverait en état d’arrestation. Le Vaudois répondit qu’il resterait. Elle lui demanda d’annoncer lui-même au tsarévitch l’abdication de l’empereur, ce qu’il fit avec le plus de ménagement possible.

Après le retour de Nicolas II du front, sa famille et huit proches, dont Pierre Gilliard, vécurent en captivité à Peterhof jusqu’au 14 août 1917. Il fallut continuer d’enseigner aux enfants. L’ex-empereur se chargea de l’histoire russe et de la géographie. Pierre Gilliard se souvenait du «Bonjour cher collègue» que le tsar déchu lui adressait chaque matin.

Enquête: la recherche de victimes

Pierre Gilliard est séparé de la famille impériale le 23 mai 1918 à Ekaterinbourg, où les Romanov et leurs compagnons de captivité ont été conduits après leur séjour à Tobolsk. Le précepteur, sa future femme Alexandra Tegleva et deux autres personnes doivent rester dans leur wagon. Pendant ce temps, le tsarevitch et ses sœurs Olga, Tatiana et Anastasia partent rejoindre leurs parents et la quatrième grande-duchesse, arrivés les premiers.

Le soir de son arrivée à Ekaterinbourg, Pierre Gilliard est libéré. Il peut aller où il veut, sauf dans la maison Ipatiev, où ses élèves et leurs parents ont été enfermés. Il aimerait les y rejoindre, mais sa demande est refusée. Avec le professeur d’anglais Sydney Gibbes, la dame d’honneur Madame de Buxhoeveden et la gouvernante Alexandra Tegleva, Gilliard se cache à Tioumen, d’où il pourra revenir au début du mois d’août à Ekaterinbourg, après que les bolcheviques auront quitté les lieux.

C’est alors que commence la recherche des victimes du massacre. Au lieu de quitter ce pays où plus rien ne le retient, Gilliard reste et collabore avec le juge d’instruction chargé d’enquêter sur la disparition des Romanov. Il visite la maison Ipatiev.

Il entre dans la salle au mur percé par les balles et au plancher lacéré par les baïonnettes. Personne n’imagine que les enfants du tsar sont morts eux aussi. La preuve de l’extermination de la famille entière est apportée pendant l’hiver 1919, après l’arrestation de l’un des meurtriers. On commence alors à comprendre ce qui s’est passé. Le lieu exact où les corps ont été jetés n’est cependant pas trouvé. Pierre Gilliard se contente de photographier des morceaux de corsets et des débris de bijoux ayant appartenu aux victimes. Ce n’est qu’en 1991 que les restes du tsar, de la tsarine et de trois de leurs cinq enfants seront exhumés et identifiés par l’ADN. Celui-ci permettra aussi de résoudre l’énigme de la survivance d’Anastasia, à laquelle Gilliard n’avait jamais cru.

Lire «Précepteur des Romanov. Le destin russe de Pierre Gilliard», par Daniel Girardin, Ed. Actes Sud 2005.

Source : 24heures.ch
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